Pierre-Yves Guiavarch, directeur général du groupe d’Ehpad associatif ACPPA, s’est inquiété début juin au congrès du Synerpa de certaines incompatibilités entre des « demandes nouvelles exprimées par les salariés », notamment sur le temps de travail, et les obligations de service et de continuité de l’activité.
C’est un peu une quadrature du cercle que le directeur général du groupe ACPPA et du groupe coopératif Les Sinoplies, Pierre-Yves Guiavarch, a décrit lors d’une table ronde sur le « projet social et l’approche managériale » organisée par le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) le 3 juin à Cannes.
Il a d’abord précisé que l’ACPPA réécrit justement « son projet associatif à cinq ans » depuis 2021, « l’occasion pour nous […] d’interroger nos 2.600 salariés », ainsi que « nos cadres dirigeants, nos administrateurs ».
En termes de méthode, « il y a des techniques digitalisées qui permettent de bien comprendre quelles sont les idées, les attentes des salariés. Et chaque fois qu’un collaborateur émet une idée, on est capable aussi de voir quel est le soutien que cette idée reçoit », a-t-il expliqué. « Cela donne un matériau extrêmement dense pour catégoriser, en quelque sorte, ce qui va faire notre management dans les cinq années à venir. »
Ce management, qu’il a qualifié d' »humaniste » est « centré sur la qualité de vie du résident et la qualité de vie au travail ».
Il a convenu qu' »aujourd’hui, dans le domaine de l’innovation sociale, on est à l’affût de toute initiative susceptible de résoudre notre problème principal, c’est-à-dire ce déséquilibre entre l’offre et la demande en matière d’emploi ».
« Disposer de temps »
« Ce que l’on a bien compris à notre niveau, c’est que l’une des attentes premières en matière de qualité de vie au travail et de qualité de vie du résident, pour nos salariés, c’est de disposer de temps: un temps individuel, un temps collectif, un temps technique dédié aux soins et à l’autonomie, mais aussi un temps relationnel », a-t-il listé.
« La bonne nouvelle, c’est qu’entre qualité de vie du résident et qualité de vie au travail, il y a un tronc commun qui représente à peu près 80% de la problématique », a-t-il noté.
Cela dit, « on voit quand même émerger une contradiction, une tension contradictoire entre qualité de vie du résident et qualité de vie au travail sur certains aspects, qui sont des demandes nouvelles exprimées par les salariés », a-t-il prévenu. « Il y a un certain nombre d’exigences qui portent sur les horaires de travail, le fait de pas trop vouloir travailler la nuit, pas trop travailler le week-end, l’émergence de ce qu’on appelle la ‘permittence’, qui me permet normalement de pouvoir prendre deux mois de vacances, et qui est contradictoire avec notre obligation de service et de continuité de l’activité. »
« C’est quelque chose d’émergent, qu’on a tous constaté, et ça va être véritablement l’enjeu du leadership du management au sein d’un établissement que de résoudre, en quelque sorte, cette tension contradictoire sur cette composante de l’organisation d’un établissement », a-t-il noté.
Et selon lui, c’est bien au directeur d’établissement de résoudre cette équation. Car « le deuxième enseignement pour nous », de la consultation des salariés de l’ACPPA, « c’est la notion de proximité ».
« Ce vers quoi on doit s’orienter, c’est un management centré sur l’établissement. On est souvent organisé en groupe, traditionnellement […] assez centralisé, [or] ce qui va se jouer dans les années à venir, ce sont les relations au sein d’un établissement [avec les] familles, résidents et salariés », a-t-il jugé.
« Le statut du directeur est chez nous, très clairement, un statut de cadre dirigeant, avec un niveau de délégation très fort, parce que c’est lui qui, avec son management de proximité, va pouvoir envelopper toute cette communauté, qui doit être portée par un projet identique, une passion identique », a-t-il défendu.
« Et que pour que tout le monde aille dans le même sens, avec la même énergie positive, il faut bien évidemment laisser les coudées franches, donner une marge de manoeuvre maximale aux équipes de terrain », a-t-il insisté.