Notre Groupe ACPPA était présent les 8 et 9 juin au Congrès National des acteurs privés du Grand Âge. L’événement, qui se déroule chaque année, rassemble les principaux acteurs et professionnels du secteur du vieillissement en France. Cette année, le directeur général de l’ACPPA, Pierre Yves Guiavarch, a eu l’opportunité d’intervenir sur un sujet crucial : la lutte contre la maltraitance envers les personnes âgées.
Retrouver ci-dessous l’article publié par Gérontonews :
Pour le DG d’ACPPA, « la transparence est un enjeu existentiel pour notre profession »
Pierre Czernichow (Fédération 3977), Annie de Vivie (Age Village) et Pierre-Yves Guiavarch (ACPPA) le 8 juin 2023 au congrès du Synerpa. Photo: Claire Béziau/Gerontonews
Intervenant sur le sujet de la maltraitance au congrès du Synerpa, Pierre-Yves Guiavarch, directeur général du groupe associatif ACPPA, a encouragé à regarder les nouvelles réglementations comme « un levier » et non comme « une contrainte » afin de « restaurer la confiance » des résidents et des familles.
Depuis l’affaire Orpea, dévoilée dans le livre « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet, le secteur privé du grand âge, à commencer par le privé commercial, montre ses bonnes intentions, avec notamment une charte d’engagements initiée par le Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées (Synerpa).
Mais le secteur du privé non lucratif subit aussi les répercussions de ce « choc ». Au congrès de cette confédération, qui s’est tenu début juin à Strasbourg, quelques jours avant la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées qui a lieu ce 15 juin, Pierre-Yves Guiavarch, directeur général d’ACPPA, a témoigné de sa vision et des actions de ce groupe associatif pour rétablir des liens plus sereins avec les usagers de ses 42 Ehpad et sept résidences autonomie.
« En 2022, sur un laps de temps très court, on a vu émerger une nouvelle réglementation », avec notamment « des nouvelles attributions des CVS [conseils de vie sociale], une définition légale de la maltraitance et un [nouveau] référentiel d’évaluation HAS [Haute autorité de santé] » qui met la maltraitance « au coeur de ses 18 critères impératifs ». Lorsque la HAS « va entendre le CVS, elle va vérifier qu’il est véritablement un lieu pour exercer ces attributions », a-t-il égrené.
« L’Ehpad est le centre de preuves de la bientraitance »
« De notre point de vue, très clairement, le CVS doit être informé des événements de maltraitance », a-t-il formulé. L’instance « donne son avis et fait des propositions sur toute question intéressant l’établissement -donc on peut comprendre que la maltraitance en fait partie ».
« Il est associé à l’élaboration et à la révision du projet d’établissement, en particulier la politique de prévention et de lutte contre la maltraitance », a insisté Pierre-Yves Guiavarch.
Enfin, le CVS « est entendu lors de la procédure d’évaluation de la HAS, il est informé des résultats et associé aux mesures correctrices ». C’est donc « davantage qu’un faisceau d’indices qui conduit aujourd’hui les gestionnaires à informer les CVS ».
« Il ne faut vraiment pas considérer cela comme une contrainte, c’est au contraire un levier: la transparence est essentielle dans notre activité pour restaurer la confiance de nos résidents, des familles, du grand public, c’est un impératif, un enjeu existentiel même pour notre profession », a souligné le DG d’ACPPA. A ses yeux, le référentiel HAS représente « une opportunité » donnant « un langage commun, des outils communs, une méthodologie pour faire glisser ce débat sur la maltraitance d’un environnement un peu irrationnel et fantasmé à un terrain plus rationnel ».
« L’Ehpad ou le service à domicile est le centre de preuves de la bientraitance, c’est là que l’on va décliner un plan de prévention et de lutte contre la maltraitance, certes conçu au niveau du siège mais qui doit ruisseler au sein de l’établissement jusqu’aux professionnels », a-t-il aussi fait valoir.
Naviguer entre « tolérance zéro » et risque de « surréaction »
Un peu plus tôt lors de cette table ronde, Pierre Czernichow, président de la Fédération 3977, avait invité les professionnels du grand âge à commencer par reconnaître que la maltraitance contre les personnes vulnérables existe dans leurs structures, pour mieux l’enrayer.
ACCPA a pour sa part instauré des actions visant à « renforcer ce qui est relatif à la déclaration de la maltraitance », a expliqué son directeur général, la qualifiant de « première étape essentielle, impactant l’ensemble du processus ».
Lorsqu’un professionnel constate un fait pouvant s’approcher d’une maltraitance, il doit « le détecter et alerter » puis « faire cesser » la situation.
Pour cela, il faut que le professionnel se soit « approprié la politique de tolérance zéro » du groupe, qu’il se sente « protégé, pourquoi pas par les dispositifs sur les lanceurs d’alerte » et qu’il se soit « approprié la définition de la maltraitance », qui est protéiforme. Enfin, il doit avoir « une bonne compréhension des situations à risque ».
Toutes les autres étapes « peuvent faire l’objet d’une coopération étroite entre un siège, des experts » et un Ehpad, mais ces premières étapes « sont propres à un établissement », a-t-il insisté.
« Le directeur et son équipe de direction ont un rôle central », a ajouté Pierre-Yves Guiavarch. « Déployer le plan de prévention et de lutte et traiter in situ les cas de maltraitance. Et ils doivent naviguer entre deux balises: la tolérance zéro [tout en évitant] la surréaction: il ne faut pas que ce plan de lutte ou la réaction à une situation de maltraitance déstabilise complètement » des équipes par ailleurs passionnées. « On doit préserver ce récit positif » au risque de « démissions ou d’une forme de retrait des salariés », a alerté le DG du groupe associatif.